Salut les Épicurieuses et les Épicurieux. Cet été, vous serez sûrement très nombreuses et nombreux à vous prélasser sur les plages et vous y serez très bien accompagnés. Sur le sable, dans le sable et dans l'eau, une multitude de petits animaux ont élu domicile.
Evan de Bretagne, qui n'a pas peur de se mouiller, va nous les présenter. Salut Jamy, mais tu ne crois pas, c'est bien de dire. Je crois que j'ai des puces.
Il y a des puces partout autour de ma serviette. Enfin, je vous rassure quand même, ce sont des puces de mer. Rien à voir avec celles qu'il y a sur le dos du chien de ma grand-mère.
En effet, rien à voir. D'ailleurs, contrairement aux puces du chien de la grand-mère d'Evan, les puces de mer, ou puces de sable, ne sont pas des insectes. Ce petit animal, qui ne dépasse pas 25 mm, est un crustacé, comme le homard ou la langoustine.
On trouve ces puces sur de nombreuses plages d'Europe. Elles hibernent entre octobre et mars, ce qui signifie qu'elles pointent le bout de leurs petites antennes au beau jour, justement, au moment où nous mettions les pieds sur les plages. Avec leurs petites pattes, les puces de mer peuvent creuser jusqu'à 15 cm en profondeur pour trouver de la fraîcheur ou tout simplement pour s'abriter.
Et lorsqu'elles sont à la surface, elles font parfois des sauts de plus de 1 mètre. Rapportés à leur taille, c'est énorme. C'est d'ailleurs pour ça qu'on les appelle les puces de mer.
Décidément, ces bestioles sont pleines de surprises. Par contre, pas touche à ma compote, les puces. Si vous en voyez autour de vous ou sur votre serviette, surtout ne les écrasez pas.
Les puces de mer jouent un rôle important dans l'entretien de nos plages. Elles font le ménage en aérant le sable et en se nourrissant des déchets en décomposition. Des restes d'algues, par exemple.
C'est pour cette raison qu'on les surnomme éboueurs des mers. Et puis, elles sont aussi une source de nourriture pour les goélands. Vous le voyez, ces petites puces sont précieuses.
Oh non, ma puce ! Elle est partie se cacher sous ma serviette. Maintenant, je vais vous présenter quelques spécimens qui vivent sous le sable. Suivez-moi.
Ah, j'adore marcher dans le sable humide. Et regardez tous ces petits monticules de base. C'est bien la preuve qu'il y a une vie souterraine hyper active.
Le vers arénicol est un habitué de nos plages.Il creuse des tunnels en forme de U. Et ici, par exemple, on peut clairement voir l'entrée de son trou. Et si vous vous demandez ce que sont ces petits monticules-là, eh bien, en fait, ce sont ses excréments.
J'aurais peut-être pas dû les toucher, en fait. En creusant avec ces toutes petites pattes que l'on appelle des soies, le vers arénicol se nourrit des sédiments et des bactéries qui sont présents dans le sable et se débarrasse de surplus. Chaque vers mesure entre 15 et 30 cm de long, ce qui en fait un appât très prisé par les pêcheurs.
Beaucoup plus surprenant, ces vers arénicol possèdent des vertus thérapeutiques. En Bretagne, des chercheurs qui travaillent au sein d'une start-up ont découvert que leur sang a un grand pouvoir oxygénant. Son hémoglobine peut fixer 40 fois plus d'oxygène que l'hémoglobine du sang humain.
Mieux encore, il est compatible avec tous nos groupes sanguins. L'hémoglobine du vers arénicol peut donc servir de substitut pour les transfusions sanguines. Or, vous le savez, on manque considérablement de sang.
Leur hémoglobine est également précieuse en cas de transplantation d'organes. Le sang de ce vers permet d'oxygéner le greffon, ce qui laisse plus de temps pour le conserver intact durant son transport jusqu'à la personne à transplanter. Mais Jamy, tu crois qu'il y a un risque qu'on se transforme en vers ? Il a peur de trinquer.
Mais ces vers ne sont pas la seule richesse du sous-sol de la plage. Vous êtes peut-être croyant des coques, des palourdes ou des couteaux qui se nichent dans le sable à chaque marée basse. D'ailleurs, j'ai toujours rêvé de dénicher un couteau comme celui-ci moi-même.
Est-ce que vous connaissez la technique ? Regardez, l'apparent qu'on a deux trous, ça pourrait être un couteau. Il suffit de mettre du gros sel et normalement, le couteau sort. Normalement.
Pas de chance, Evan. Tu n'es peut-être pas dans le bon trou ou alors un autre pêcheur t'a devancé. Mais pourquoi les couteaux sortent-ils de leurs trous au contact du sel ? Tout simplement parce qu'on leur fait croire que la mer est remontée.
Son instinct le pousse alors à rejoindre la surface pour se nourrir. Sauf que, malheureusement pour lui, ce n'est pas de l'eau de mer qu'il trouve, mais la main du pêcheur qui le capture pour en faire son repas. Et je peux vous dire que les couteaux, c'est très très bon.
Jamy, je crois que j'en ai trouvé un. Je ne vous avais pas dit, mais j'ai un diplôme en été spécial. Maintenant que la mer est haute et qu'on en sait plus sur les bestioles qui vivent sur et sous le sable, connaissez-vous Aurélie.
C'est l'une des espèces de méduses les plus courantes en France, au même titre que la pédagie. D'ailleurs, si vous les croisez, faites bien attention, elles ont tendance à être un peu piquantes. Il faut se méfier des méduses.
Ça pique. Ceux qui ont vécu cette douloureuse expérience s'en souviennent en général toute leur vie. La méduse fait partie de la famille des knidères, comme les coraux.
Knid, en grec, signifie piquer. Elle pique avec de tout petits harpons qui recouvrent ses tentacules. Quand une proie ou un danger s'approche et touche les petits cils qui tapissent les tentacules, le harpon se déploie à l'extérieur et va se planter dans les tissus de la victime.
Le venin est alors injecté. L'opération ne dure que quelques millisecondes. C'est l'un des phénomènes les plus rapides dans la nature.
En fait, si vous croisez une méduse échouée sur la plage, c'est sûrement à cause des courants, des vents, des marées qui l'ont entraînée et emportée vers les côtes. Les méduses nagent mal, alors bien souvent elles s'échouent sur le sable. Elles vont mourir malheureusement en séchant en plein soleil pendant les 6 heures de marée basse.
Même mortes, les méduses piquent encore. Alors si vous vous promenez au bord de l'eau, faites bien attention à leurs filaments. À ce sujet, vous voulez que je vous raconte ma vie ? Oui ? Super ! L'été dernier, j'étais à Gruissant en Méditerranée.
Et quand je suis allé me baigner, j'ai pas vu de méduses, mais en fait, il y avait encore des morceaux de leurs filaments dans l'eau et ça a suffi à me faire des petites irritations sur le bras. Et oui, Jamy, t'as raison, je m'en souviens encore. Que doit-on faire si l'on se fait piquer par une méduse ? Première règle, surtout ne pas frotter.
En frottant, on libère l'intégralité du venin contenu dans le harpon, ce qui expose à des brûlures beaucoup plus graves. On doit d'abord rincer à l'eau de mer. J'ai bien dit l'eau de mer parce que l'eau douce provoque l'effet inverse, elle provoque la libération du venin.
Après, il faut attraper les harpons qui sont restés accrochés.Et pour cela, il y a un produit miracle qui va peut-être vous surprendre. La mousse à raser.
Alors je sais, il y en a pas dans notre sac de plage, mais en général, il y en a dans tous les postes de secours. Il s'agit d'un buvard qui capturera les harpons. Ensuite, à l'aide d'un carton rigide, une carte bancaire ou une carte d'identité, on retire la mousse qui a emprisonné les harpons et le venin.
On procède à un deuxième rinçage à l'eau salée. Puis, pour neutraliser le venin qui a été libéré, on arrose la zone touchée avec un produit un peu acide, du vinaigre ou du citron. Même chose, il y en a dans les postes de secours.
On refait le rinçage à l'eau salée, puis on utilise un antiseptique. Je croyais qu'il fallait faire pipi dessus, moi. Surtout pas, c'est un mythe urbain qui a vu le jour avec la série Friends.
L'urine contient en fait de nombreuses bactéries qu'il vaut mieux éviter de répandre sur la plaie au risque de causer une surinfection. Les algues. Ma grand-mère me dit toujours que c'est bon pour la circulation.
Pas étonnant qu'elle passe sa vie en thalasso. D'ailleurs, il y a plein de petits animaux qui, eux aussi, apprécient ces paquets d'algues que l'on trouve au bord de la plage. On appelle ça la laisse de mer.
Une petite salade d'algues, amis, peut-être. Préparons une, j'arrive juste après la vidéo. La laisse de mer est composée de débris déposés par la mer et qui s'accumulent sur la plage au fil des marais.
Ces débris peuvent être d'origine naturelle, comme les algues, les coquillages, le bois, des restes d'animaux. Ou bien, malheureusement, d'origine humaine. Des bouteilles en plastique, des canettes de soda ou des restes de filets de pêche.
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Les animaux qui peuplent nos plages |
La laisse de mer, c'est un véritable garde-manger pour une ribambelle de petits animaux, notamment les mouches qui pondent au fil des marais et laissent leurs larves grandir dans les algues pendant plusieurs semaines. Là, je cherche des cloportes habituées de nos plages qui se nourrissent de morceaux de bois ou parfois de petits cadavres. Ces algues desséchées constituent une véritable gourmandise pour divers insectes, mais également pour des araignées de dunes qui se rendent sur la plage pour capturer leurs proies.
Bon, rassurez-vous, elles sont totalement inoffensives. On y trouve également de nombreux crabes qui viennent se nourrir. Tiens ce propos, comment font les crabes pour respirer quand la mer est basse ? Le crabe n'a pas de poumon.
À l'instar des poissons, il se procure de l'oxygène dans l'eau via des branchies. Pour lui, elles se trouvent dans des cavités.Il en possède deux.
Ces dernières lui donnent la capacité d'absorber l'oxygène présent dans l'eau et d'éliminer le dioxyde de carbone contenu dans son sang. Quand il est dans l'eau, ces cavités se remplissent et le flux d'eau autour des branchies est constant. À moins qu'à marée basse, notre crabe n'a plus d'eau pour sa respiration.
Mais il a un truc. Il ferme ses cavités qu'il a préalablement remplies d'eau avec attention. Ses réserves lui permettront de maintenir sa respiration.
Évidemment, cela ne pourra pas durer indéfiniment puisque viendra un point où il aura épuisé tout l'oxygène dissous dans ses réserves. Heureusement pour lui, la mer finit toujours par remonter et notre crabe peut à nouveau respirer paisiblement sous l'eau cette fois-ci. En été, certaines communes ramassent la laisse de mer avec de gros engins de chantier pour des raisons purement esthétiques.
Cependant, en procédant de cette manière, on prive un écosystème entier de sa nourriture. Donc, la prochaine fois que vous apercevrez ces vastes étendues d'algues sur la plage, ne ressentez pas de dégoût. On pourrait plutôt le décrire comme un buffet à volonté pour toutes les petites créatures de la plage.