Voici Adeline. Elle fait partie des 3000 résidents du zoo de Paris. Certainement, lorsqu'il s'agit de zoo ou de parc zoologique, certains d'entre vous ont les cheveux qui se hérissent.
Vous vous interrogez, mais quel est l'objectif de ces institutions ? Ils n'ont plus rien en commun avec ce qu'ils étaient auparavant. Actuellement, la priorité première des zoos est de garantir le bien-être des animaux.
Certains d'entre eux sont même devenus de véritables sanctuaires du vivant, dont l'une des missions principales est la préservation, voire la réintroduction des espèces menacées d'extinction.
Alors comment les parcs animaliers s'y prennent-ils pour participer à la sauvegarde de leur biodiversité ? Pour le savoir, je vous propose de me suivre pour une petite visite guidée. Le parc zoologique de Paris, qui fait partie du Muséum national d'histoire naturelle, a ouvert ses portes en 1934, mais ça ne date pas d'hier. Mais à part le grand rocher qui se trouve juste derrière moi, il ne reste rien de l'établissement d'origine.
Il a été entièrement rénové entre 2008 et 2014, afin de se consacrer en partie à la protection des espèces animales. Certaines espèces sont emblématiques, comme le loup, la girafe. Le parc héberge d'ailleurs un troupeau de dix girafes.
Elles appartiennent à la sous-espèce des girafes de cordophon, originaires d'Afrique de l'Ouest. On trouve aussi des espèces moins connues, comme le glouton, réputé pour sa voracité, une espèce originaire des régions froides de l'hémisphère nord. Un grand nombre d'animaux figurent parmi les espèces menacées d'extinction.
C'est le cas du manchot de Humboldt, une espèce originaire de Patagonie, ou du propithèque couronné, une espèce de lénourien originaire de Madagascar. La pollution que nous générons, le défrichement, la déforestation, le braconnage et bien sûr le réchauffement climatique, pourraient conduire à la disparition de la moitié des espèces terrestres et marines d'ici 2100. Dans le cadre de cette lutte pour la préservation de la biodiversité, les parcs animaliers se sont petit à petit transformés.
Autrefois, les parcs zoologiques étaient des lieux d'exhibition d'animaux exotiques. Aujourd'hui, ce sont des espaces de conservation pour les espèces menacées, des lieux de sensibilisation et d'éducation à la préservation de la biodiversité. Les animaux sont choyés et les espèces menacées protégées.
Vous voyez ici, il n'y a pas de barreau, pas de cage. Là, par exemple, je longe l'enclos des rhinocéros blancs. Ces animaux évoluent dans de grands espaces ouverts et cohabitent avec des zèbres, un calao terrestre.
Les concepteurs du zoo ont recréé un décor assez similaire à celui de la savane, en sachant que ces rhinocéros, comme tous les animaux qui vivent dans ce parc zoologique, n'ont jamais vécu dans la savane. Ils sont nés en captivité et n'ont rien connu d'autre. Pour autant, ils sont immergés dans un décor qui se rapproche le plus possible de celui dans lequel évoluent leurs congénères en pleine nature.
Par ailleurs, tous ces enclos sont pourvus d'équipements qui leur permettent de reproduire le comportement des animaux qui vivent dans la nature, de s'épanouir, comme par exemple cette bauge pour le bain de boue des rhinos. Les espaces sont également équipés de structures pour grimper, des points d'eau pour que les animaux se rafraîchissent, des zones pour se cacher, se reproduire ou encore élever les petits. On retrouve tous ces équipements dans cette immense serre tropicale dans laquelle des paresseux, des oiseaux et des chauves-souris se déplacent et volent librement.
![]() |
La préservation de la biodiversité au Parc zoologique de Paris |
Dans ce lieu, les animaux bénéficient également de tranquillité ; des fenêtres panoramiques et des observatoires discrets facilitent leur étude et leur appréciation sans risque de les déranger. Ce contexte est crucial pour leur bien-être de tous les jours et c'est un élément primordial pour encourager la reproduction des espèces en danger et par conséquent, soutenir leur préservation. À l'heure actuelle, les zoos servent de réserve génétique.
Si une espèce venait à s'éteindre dans son habitat naturel, ils devraient, autant que faire se peut, faciliter sa réintégration en utilisant les individus qui vivent en captivité.
Le processus est délicat, mais plusieurs tentatives ont déjà été couronnées de succès. Alors pour conserver une espèce et espérer pouvoir la réintroduire si nécessaire, il faut assurer sa pérennité.
Autrement dit, il faut des bébés. Et de ce côté-là, le carnet de naissance du parc zoologique de Paris est bien fourni. L'année dernière, Zanahari, une femelle faussa, mammifère carnivore originaire de Madagascar, a donné naissance à 4 petits.
Depuis le début de l'année, plus de 130 naissances ont eu lieu au sein du parc zoologique. Parmi elles, 3 grands coudous, 6 manchots de Humboldt, 4 flamants roses et la petite dernière, cette magnifique otarie de Patagonie. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, tout cela nécessite une sacrée organisation.
Il ne suffit pas de réunir un mâle et une femelle et de laisser faire la nature, non. D'abord, on l'a dit, il faut recréer des conditions propices à la reproduction, débarrasser les animaux de toute forme de stress. Cette femelle faussa, Zanahari, dont on a parlé il y a quelques instants, est née en Angleterre.
Son mâle, lui, Barani, est originaire d'Allemagne. L'an dernier, ils ont eu 4 petits, dont l'un d'eux est déjà parti dans un parc en République tchèque afin de faire perdurer la population européenne. Comme ce vautour, de nombreuses espèces ont été réintroduites dans leur milieu d'origine.
Le cheval de Przewalski, par exemple, qui n'existait plus dans son milieu naturel, a été réintroduit en Mongolie grâce aux zoos du Jardin des plantes. Mais aussi le singe tamarin lion doré au Brésil ou encore le vautour moine en France, en Lausaire. Tous ces animaux sont retournés à leur environnement sauvage pour renforcer les populations naturelles, en partie grâce à l'action des parcs zoologiques.
Toutefois, réintroduire dans la nature un animal né en captivité est un processus complexe qui ne réussit pas toujours. Pour en parler, j'ai rendez-vous avec Fabrice Bernard, le chef soigneur du parc zoologique de Paris. Il y a principalement le facteur humain, où il faut que le contexte géopolitique permette la réintroduction de ces animaux.
Il faut que les populations locales soient très avisées et connaissances de la réintroduction de certaines espèces. Et après, il y a le contexte physiologique et biologique. Il faut que l'animal soit capable d'être réintroduit et il faut que l'environnement permette de la nourriture à profusion.
Il faut aussi qu'il y ait suffisamment d'espèces identiques à celles qui sont réintroduites pour pouvoir se reproduire. Donc, ça fait beaucoup de facteurs. Quelles espèces sont plus difficiles à réintroduire ? Il y a des espèces, par exemple, telles que les carnivores, où c'est très compliqué.
Les primates aussi, c'est pareil, il y a beaucoup de travail en amont. Par contre, pour les herbivores, c'est quand même plus simple. Nous, ici, au Parc Zoologique de Paris, nous avons réintroduit les oryx salgazelle au Tchad.
On réintroduit aussi les vautours fauves en Bulgarie, dans les montagnes de Kreshna. Et là, par contre, c'est assez couronné de succès. Si on revient aux vautours, ça veut dire que les contacts entre les hommes, les soigneurs et les oiseaux qui vont être réintroduits, ces contacts vont être limités.
Au niveau de la naissance, il faut éviter un petit peu les interférences avec l'animal. Il faut que les soigneurs gardent leur distance par rapport à l'objectif qui est fixé. Donc le petit va naître, les parents vont s'occuper du poussin, le nourrir comme ce qu'ils font dans la nature.
Et ensuite, à partir du moment où ils commencent à le rejeter du nid, c'est à partir de ce moment-là qu'il va partir dans des volières de prélachés en Bulgarie. Et là, il va falloir qu'ils trouvent un petit peu un congénère dans ces volières de prélachés avant d'être relâchés en milieu naturel. Les lamentins des Antilles qui nagent dans ce bassin font également l'objet d'un programme de conservation et de réintroduction.
Ce mammifère semi-aquatique a vu sa population s'effondrer au cours du siècle dernier. Les animaux sont blessés par les bateaux et les filets ils subissent de plein fouet la pollution de leur habitat, en particulier la destruction des herbiers sous-marins dont ils se nourrissent. Au printemps dernier, Unaï, une femelle, a rejoint le bassin.
D'ici cinq ou six ans, on l'espère, elle pourrait donner naissance à un bébé lamentin qui pourrait, lui ou ses descendants, rejoindre l'écosystème d'origine de l'espèce. Vous le voyez, le parc zoologique de Paris est un acteur majeur en matière de préservation des espèces animales. Mais son rôle ne s'arrête pas là, c'est aussi un lieu de recherche scientifique.
Et donc, dans ce cadre-là, le biologiste du parc zoologique de Paris a pour fonction soit d'initier des projets de recherche, soit de participer à des projets collaboratifs à l'intérieur du zoo et à l'extérieur, donc dans le milieu naturel, en collaboration avec d'autres équipes ou d'autres parcs zoologiques ayant pour but de mieux connaître les espèces pour mieux les protéger. Vous avez travaillé sur une grenouille originaire de Madagascar, la mantelle dorée, et vous avez étudié son champ. En quoi le champ d'une grenouille, la connaissance de son champ peut faciliter sa protection ? En fait, c'est une grenouille qui vit à Madagascar sur une toute petite terre géographique, quelques kilomètres carrés, une petite grenouille orange de 2 centimètres.
Et il y a un programme d'élevage en captivité qui a pour objectif de relâcher des animaux, de réintroduire des animaux dans la nature. Et il se trouve que le champ des grenouilles, ça a une vocation extrêmement importante dans la communication, évidemment, et notamment dans la reproduction. Et ça, c'est des collègues du Zoo de Chester qui l'ont montré.
Quand on passe un enregistrement d'une grenouille sauvage à une grenouille captive, la grenouille captive ne réagit pas à ce champ-là. Et donc nous, ce qu'on a essayé de faire ici au Parc Zoologique de Paris, on a travaillé avec un bio-acousticien du Muséum d'Histoire Naturelle pour comprendre quels étaient les paramètres acoustiques différents entre les animaux captifs et les animaux du milieu naturel pour voir si on pouvait résoudre ce biais pour pouvoir réintroduire les animaux. Peut-être trouver des solutions dans la manière de les maintenir en captivité qui modifieraient leur champ ? Ça peut être ça, ça peut être des raisons d'écho, ça peut être des raisons aussi génétiques qui font que les animaux dérivent en fait en captivité, perdent en fait, ou trouvent un dialecte différent.